
Par : Eliana Trinaistic, MCIS Language Solutions & Niha Shahzad, Policy Innovation Initiative
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L'accès aux langues est un sujet complexe et hautement volatile.
D'une part, les points de vue sur l'accès aux langues changent constamment et évoluent en raison des changements dans les modèles de migration ou la technologie. D'autre part, ils restent fondamentalement ancrés dans le concept de nation.
La portée des droits linguistiques est déterminée par un grand nombre de documents internationaux : la Déclaration universelle des droits linguistiques (1996), la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (1992), la Convention relative aux droits de l'enfant (1989), la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (1998), la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement (1960), ainsi que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966). La pièce maîtresse, cependant, a été fournie en 1948 dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, aux articles 2, 10, 19 et 26 qui définissent "le droit à la traduction par l'interprète des débats, y compris des documents judiciaires, et le droit à la liberté d'expression".
Au Canada, la Charte canadienne des droits et libertés (1982) a accordé des droits linguistiques aux communautés de langue française et anglaise ainsi que "le droit à l'assistance d'un interprète" (article 14). D'autre part, la Loi sur le multiculturalisme canadien (1988) a reconnu le patrimoine multiculturel du Canada, les droits des Autochtones et " le fait que d'autres langues peuvent être utilisées " pour que " les minorités puissent jouir de leurs cultures. " Récemment, le gouvernement a co-élaboré la Loi nationale sur les langues des Premières nations, des Inuits et des Métis (projet de loi C-91), qui reconnaît plus largement les langues autochtones. Cette loi a reçu la sanction royale le 21 juin 2019.
Cependant, d'autres questions dépassant les cadres législatifs existants, telles que l'emploi, la démographie, la migration, la santé, le changement climatique, l'alphabétisation et le vieillissement, ne cessent d'accroître la complexité de l'accès facilité par la langue aux informations et aux services essentiels, ce qui a un impact involontaire sur le sentiment de bien-être des individus et des communautés.
En outre, à travers le Canada, les différents niveaux de gouvernement cherchent des moyens d'exploiter le pouvoir des communautés pour innover (politiques), transformer (société) et améliorer les opportunités économiques sur les marchés du travail mondiaux et locaux. La Déclaration fédérale, provinciale et territoriale sur les innovations dans le secteur public (2018) appelle à "partager les connaissances et les données avec les citoyens de manière ouverte et transparente, tout en apprenant d'eux et en intégrant leur expertise et leur contribution à notre travail... pour réussir face aux rapides changements sociaux, économiques, environnementaux et technologiques. " Cependant, un engagement de cette ampleur et de cette ambition nécessite des collaborations non traditionnelles. En considérant les citoyens comme une ressource d'expériences vécues et de connaissances localisées et en créant des opportunités pour que les citoyens contribuent plus fréquemment aux politiques publiques, les gouvernements peuvent activement moderniser la gouvernance publique, notamment la manière dont les décisions publiques sont prises et dont les actions publiques sont menées. L'innovation sociale, en particulier, dépend de politiques publiques inclusives, authentiques et faciles à mettre en œuvre.
Notre intérêt à avoir des conversations plus larges sur la langue en tant que politique et sur la langue en tant qu'infrastructure d'accès a été partiellement motivé par notre intérêt à explorer divers aspects de la prestation de services linguistiques.
Nous voulions également voir si l'élaboration des politiques pouvait inspirer les Canadiens de tous les horizons à établir des liens entre eux et avec les décideurs sur les questions qui comptent. En fait, 39 % des participants, indépendamment de leurs antécédents professionnels ou personnels, ont indiqué que la plus grande valeur d'un hackathon est la création d'un espace et d'une "atmosphère où des personnes ayant des compétences différentes peuvent faire du remue-méninges ensemble, créer des partenariats et se renseigner sur un problème ou un défi."
Afin de faciliter ce type de collaboration entre les principaux acteurs dans le domaine de l'accès aux services sociaux facilité par la langue et d'avoir une conversation beaucoup plus large sur la façon dont une infrastructure d'accès linguistique plus inclusive (personnes, données, preuves, technologie, formation, processus, politiques, réglementations) pourrait être construite, nous avons entrepris d'explorer une série de questions, allant de "comment engager les leaders communautaires dans le processus de santé mentale pour créer une source de confiance pour les services dans des situations culturellement sensibles" à "comment augmenter la participation électorale des nouveaux arrivants parmi les immigrants", en passant par de nombreuses autres questions.
Le présent rapport propose donc trois recommandations communes issues des 21 réflexions qui ont été déterminées par les participants comme étant les meilleures pratiques à suivre par les décideurs politiques qui s'efforcent d'améliorer l'accès aux langues :
- Formation à la compétence culturelle pour les prestataires de services et les premiers intervenants
- Plus de financement et de soutien pour les services d'interprétation et de traduction
- Meilleur soutien aux quartiers et aux communautés (par exemple, ateliers adaptés à la langue, carrefours de quartier, visites de santé publique aux personnes âgées).
Nous vous présentons ces recommandations en tant que membres d'une coalition de citoyens plutôt informelle composée de praticiens, d'organisations à but non lucratif, d'universitaires, de professionnels du gouvernement et de la politique, ainsi que d'autres groupes et individus intéressés, et nous vous invitons à contribuer à nos conclusions, à les affiner et à les développer.
Et, si vous avez une idée d'initiative simple d'accès aux langues axée sur les solutions, veuillez la soumettre ici afin que nous puissions poursuivre notre conversation !